Dior : les années soixante et la liberté au pouvoir

Les vêtements qui parlent, transformés en affiches portables, n’ont rien de nouveau pour Maria Grazia Chiuri: comme à ses débuts en tant que directrice créative de Dioren 2016, a envoyé sur le podium le célèbre T-shirt avec le slogan Nous devrions tous être féministesainsi dans la collection FW24/25 – qui a effectivement ouvert la fashion week de Paris – l’écriture est apparue sur les jupes, les costumes, les sacs à main et les vêtements d’extérieur. Miss Dior clairement mis en valeur comme un graffiti, tandis que les notes de Je t’aime moi non plusle duo historique entre Serge Gainsbourg Et Jane Birkin qui en 1969, lors de sa sortie, fit scandale et ne se démoda plus jamais.

Un défilé empreint des ambiances, pas seulement musicales, des années 60, celle de Dior, entre manteaux courts trapèze, robes pour filles respectables qui enfilaient sur le corps, cols roulés noirs d’un style existentialiste et seulement quelques concessions aux motifs, notamment tartan et animalier, au milieu d’une prédominance de couleurs unies : outre le noir, beaucoup de beige et de blanc, avec quelques concessions au bleu délavé du denim, qui pourrait être lié aux révoltes étudiantes de l’époque.

Après tout, c’était en 1967 quand Marc Bohan – directeur artistique historique de Dior de 1960 à 1989, décédé l’année dernière à l’âge de 97 ans – lancé Miss Dior comme l’emblème d’une nouvelle façon de s’habiller, faisant sienne la révolution qui allait exploser en France (et pas seulement) à travers ce qu’il savait faire de mieux, créer de la mode : le prêt-à-porter de Miss Dior, à qui Bohan a confié à son assistant Philippe Guibourgé, s’introduit dans une maison associée à la couture comme les autres de l’époque. Conçu pour les filles des clients, il a rapidement conquis aussi les mamans.

La collection, comme Chiuri l’a expliqué en marge du défilé, est un hommage à lui et à Gabriella Crespisa muse et inspiration : architecte et décorateur d’intérieur, né en 1922 et diplômé de École Polytechnique de Milanconçoit pour les boutiques Dior des meubles aux lignes sinueuses, résolument modernes et innovants pour l’époque.

Selon Chiuri, le talent de Bohan, bien qu’il ait longtemps occupé un rôle clé dans la maison de couture, a été sous-estimé, peut-être parce qu’il est arrivé après Yves Saint Laurent c’est le même Monsieur Dior. «En réalité – affirme le créateur – il a eu une profonde influence sur la marque et sur la mode en général, ne serait-ce que parce que c’est lui qui a introduit le prêt-à-porter, allant jusqu’à explorer des catégories comme les sous-vêtements. et des foulards. Dans un certain sens, il était féministe, bien avant que les femmes ne descendent dans la rue pour brûler des soutiens-gorge. »

Pour souligner le message de liberté véhiculé par l’exposition, le directeur créatif a souhaité impliquer l’artiste indien dans l’installation. Shakuntala Kukarni: ses mannequins dorés au centre de la scène, semblables à des armures, rappellent une idée de contrainte. «Les recherches de Shakuntala Kukarni – souligne Chiuri – se concentrent depuis le début des années 2000 sur les thèmes du pouvoir et de la vulnérabilité. Son armure défend le corps féminin tout en le mettant en cage, un dualisme qui m’a frappé et fasciné. »

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PARIS FEMME AH 24-25 : CHRISTIAN DIOR


PARIS FEMME AH 24-25 : CHRISTIAN DIOR

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